La maison salvan – le centre d'art de la ville de labège – a invité jan kopp à construire un projet de résidence qui a donné lieu au printemps 2022 à une exposition intitulée ronce.
le canal du midi est très vite devenu l'épine dorsale de la résidence de l'artiste ; il a entendu la voie d'eau peut-être davantage comme une projection mentale et un itinéraire poétique plutôt qu'en tant qu'espace avec une histoire précise et des usages particuliers. de part et d'autre de la ligne aquatique, certains espaces ont retenu son attention. ceux-ci sont inattendus, un peu cachés et secrets, échappant aux règles de fonctionnement et aux normes paysagères qui semblent les environner. ces endroits recèlent de variétés avec une difficulté à comprendre ce qu'il s'y déroule véritablement. plusieurs usages semblent y converger, plusieurs populations (humaines, animales) se les partagent. toute cette incertitude et cette polysémie fabriquent des ailleurs, des « espaces autres » et ouvrent à une forme de spéculation, à des possibles. au cœur de ces ailleurs – finalement si proches –, jan kopp a trouvé en la ronce une figure végétale emblématique et ambiguë. alors que l'on souhaite habituellement la supprimer, alors qu'elle résiste avec caractère, peut-être peut-on la placer au cœur d'un projet artistique, la regarder et voir en elle beaucoup de promesses, de récits, d'apprentissages… une imposante installation immersive à partir de ce végétal est en germe, accompagnée d'un travail de dessin inédit.
au travers des premiers échanges entre l'artiste et la structure, il a été entendu qu'une édition viendrait prolonger et étoffer la collaboration. afin de demeurer dans l'imaginaire poétique que dessinait l'exposition, inviter un écrivain et convier une matière littéraire a constitué l'option retenue. marc graciano a ainsi été approché ; par un hasard heureux, il travaillait précisément à l'écriture d'un texte résonnant avec la proposition. au final, la forme intégrée à ce livre est à la fois autonome – pleinement issue de la langue singulière de l'auteur et située dans la continuité des univers qu'il a dépeints dans ses précédents récits – et nourrie par la rencontre avec jan kopp.